Sandrine Langlade : Des toiles abstraites qui donnent la pêche

Sandrine Langlade : Des toiles abstraites qui donnent la pêche

Une vache dans un pré. C’est le premier tableau que l’artiste Sandrine Langlade a peint de sa vie. Elle avait 5 ans. La toile est encore chez ses parents, à Sainte-Anne. Une passion dont l’artiste désormais accomplie ignore l’origine. « Mais j’ai su très tôt que je ne pourrais jamais m’en débarrasser », plaisante-t-elle. Installée au Pays-Bas, la Bénédictine expose ses œuvres au style contemporain depuis plusieurs années à l’international (Bruxelles, La Haye, Berlin, Bogota, Venise, Barcelone…). Amoureuse de son île, elle revient au moins deux fois par an sur sa terre natale, histoire de se ressourcer, et profiter de ses proches. L’occasion aussi d’y puiser de l’inspiration. Interview.

Comment définiriez-vous votre style ?

Un mélange d’expressionnisme abstrait et d’abstraction lyrique, selon les critiques. Difficile de définir cela soi-même. Personnellement, je dirais que deux choses sont au cœur de mon travail. Premièrement la couleur : j’en suis passionnément amoureuse. Je la travaille avec ardeur, sans relâche, dans chacune de mes pièces. Mélangée ou juxtaposée, en aplats, en transparence, en dégradés, la couleur est mon identité, ma signature. Deuxièmement l’énergie positive qui se dégage de mon travail. J’aime bien façonner le message positif, la composition qui va vous donner la pêche ou faire naître un sourire !

Quel a été votre parcours dans le milieu de l’art ?

Enfant, j’ai enchaîné les stages et cours de peinture à chaque fois que je le pouvais. La plupart à Saint-Benoît, certains au Jardin d’Eden. A 13 ans et demi, j’ai quitté la maison familiale de Sainte-Anne pour poursuivre mon lycée à Saint-Denis, dans un établissement proposant des cours d’arts plastiques et histoire de l’art. Une fois mon bac L option Arts en poche… j’ai opté pour la sécurité : Sciences Po. J’ai continué à peindre pendant mes études et ma première exposition a eu lieu… au Brésil ! J’y ai passé 15 mois dans le cadre de mes études et n’ayant pas les moyens de rapporter en France les tableaux peints sur place, on m’a soufflé l’idée de les exposer. Le prestigieux Musée d’Art du Rio Grande do Sul (MARGS) m’a offert… sa cafétéria (rires) mais peu importe : j’ai presque tout vendu ! Cette étape marque pour moi le début d’une belle aventure.

Où puisez-vous votre inspiration ?

Partout ! Dans la Vie. Un rien m’inspire un tableau. Deux traits de ma personnalité facilitent ces nombreuses montées d’inspiration. Déjà je suis une synesthète : je ne peins pas que des choses vues ou vécues, je peins aussi des sensations. Je peins le froid, l’amour, le vent, le son d’une voix, le parfum d’un.e passant.e, et en général ça se ressent quand on regarde le tableau. Ensuite étant très sensible et empathique, je peins mes propres émotions, mais aussi celles vécues par procuration. Le champ est donc vaste ! Illimité ! Mon île natale m’inspire aussi énormément. Elle a toujours été très présente dans mes tableaux : Zemblèm Péi, Coconut Volcano, Tourbillon tropical, Granmèrkal, Zanana Péi, My World…, pour n’en citer que quelques uns.

Parmi vos réalisations, quelle est votre préférée et pourquoi ?

Zemblèm péi. Pour le symbole. C’est la première commande que j’ai reçue d’une famille Réunionnaise. Ladite commande m’imposait un format strict et quelques couleurs, pour le reste j’étais libre. Et j’ai choisi comme point de départ de ce tableau le drapeau Réunionnais.

Moi qui suis du genre à bosser dur, je me suis transformée en caricature d’artiste pendant cette réalisation. Des journées et soirées entières, sans parler à personne ni sortir de mon atelier. Je me suis mis la pression toute seule, je voulais que cette œuvre soit digne de mon île et qu’elle puisse rendre fier.e de son péi chaque Réunionnais.e qui la regarde.

Où exposez-vous ?

J’expose essentiellement à l’international. Une galerie principale à Bruxelles et Scherpenheuvel ainsi que quelques expositions permanentes à La Haye, ma ville d’adoption aux Pays-Bas. Après la France, le pays dans lequel j’ai le plus exposé est l’Italie (Venise, Florence, Rome). J’y ai reçu 3 prix internationaux d’art contemporain. Je vis avec l’Italie une belle histoire d’amour mutuel ! À Venise, 4 de mes tableaux ont été sélectionnés pour l’exposition internationale The Body Language à The Room Contemporary Art Space. J’ai aussi eu la chance de participer à des expositions collectives à Miami, New-York, Bogota, Berlin, Barcelone, etc.

Des lieux à La Réunion ?

J’adorerais ! Je n’en ai pas eu l’occasion jusqu’ici mais j’exposerai forcément à La Réunion un jour !


Plus de toiles à découvrir sur :
Instagram @sandrine_langlade
Facebook @sandrinelanglade)


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