Le Cahier Perturbé, l’original journal de bord d’un photographe ingénieux

Le Cahier Perturbé, l’original journal de bord d’un photographe ingénieux

C’est à Terre Sainte qu’il nous a donné rendez-vous. Son « QG », depuis l’enfance. Là-bas, bercé par le son des vagues et protégé par les majestueux banians, Yann Huet est dans son élément. Particulièrement pittoresque, le coin est un véritable terrain de jeu pour ce photographe aguerri.

Capturés ici ou ailleurs, ses innombrables clichés sont partagés quasi quotidiennement avec les 3.000 abonnés du Cahier Perturbé, sa page Facebook lancée il y a dix ans – et régulièrement relayés sur Apressi. Même si vous n’en faites pas partie, votre œil a sans doute déjà croisé certaines de ses photos. Car Yann est aussi photographe au Quotidien, et compte plusieurs « Unes » à son actif.

L’origine de cette passion dévorante pour l’image remonte aux années lycée. « À l’époque des premiers téléphones avec appareil photo », se souvient-il avec nostalgie. Mais curieusement, c’est d’abord vers des études d’hôtellerie qu’il s’oriente. Un faux départ dans son parcours professionnel. Avec ses premiers salaires de stagiaire, en 2008, le Saint-Pierrois s’offre son premier véritable appareil photo. « Un Sony A350 », se souvient-il, comme si c’était hier.

« L’appareil photo, une extension de mon bras »

Sa vie prend un nouveau tournant lorsqu’en allant au lycée hôtelier, il aperçoit une banderole annonçant une journée portes ouvertes au CFA du Centhor, où une formation de photographe est proposée. « J’ai séché les cours pour y aller », avoue-t-il avec malice. Une idée audacieuse, contrairement à ce qu’ont dû penser ses professeurs à l’époque. Conquis par l’opportunité présentée sur place, il s’oriente rapidement vers ce métier, en intégrant le centre avec un poste en alternance au Quotidien.

Ainsi, depuis une dizaine d’années maintenant, Yann passe sa vie l’appareil photo vissé à la main. Pour le travail ou pour le plaisir. « C’est une extension de mon bras », plaisante-t-il. Un moyen de « figer le temps et surtout de garder des souvenirs ».

« J’aime quand ça vit »

Et c’est aussi pour garder une trace des moments de vie que le Réunionnais tient un carnet, véritable journal de bord. « C’est un cahier débuté lors de mes études d’hôtellerie avec trois camarades. Une amie l’a baptisé Le Cahier Perturbé, j’ai eu envie de garder ce nom », raconte le photographe qui a poursuivi seul ce projet manuscrit. Quiconque passe un moment en sa compagnie peut y écrire, dessiner ou coller quelque chose. Ou juste y jeter un œil.

Nous déchirons par mégarde un bout de papier en le feuilletant. « Ce n’est pas grave. J’aime quand ça vit », nous rassure-t-il aussitôt, avec la bienveillance et la simplicité qui le caractérisent.

Aujourd’hui heureux dans sa vie, Yann a des projets pour l’avenir. Celui de publier des albums, ou encore d’être exposé. Un aboutissement pour un artiste, et une manière de partager un peu plus sa vision du monde. Fermement attaché à son île, il révèle pouvoir envisager de quitter son coin de paradis. À condition bien sûr de partir pour vivre un rêve. « Pour être photographe de guerre. C’est vraiment informatif. Il y a des photos qui ont fait basculer des conflits. Ou pour travailler dans un magazine comme le National Geographic ».

Le seul regret de ce grand sensible : ne pas être né quelques décennies plus tôt, pour connaître « l’âge d’or de la photographie ». Mais même à l’ère du numérique, le jeune homme ne passe pas une journée sans s’amuser avec son appareil. Des étoiles dans les yeux, il résume joliment : « La photo, c’est ma vie ». Tout simplement !

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